L’hygiène du voyageur à vélo

L’aspect hygiène du voyageur à vélo n’est pas à négliger afin de se sentir au mieux lors de ses périples. Pour autant, cela peut générer une grande quantité de déchets difficile à traiter. Je pense notamment aux gels douche, déodorants, dentifrices, shampoing ou produit vaisselle. Rien qu’en voyant les emballages nécessaires à ces produits, on voit déjà un problème. Mais si l’on intègre en plus les procédés de fabrication, le transport et les ressources nécessaires, on arrive assez vite à un bilan écologique élevé pour seulement 3 ou 4 produits.

C’est pourquoi je vous encourage à vous inspirer de mes astuces pour vos propres voyages. Chacune des pistes que je vais détailler me convient parfaitement mais peut-être qu’une autre organisation vous conviendra mieux. Copiez, modifiez ou abandonnez certaines d’entre elles pour trouver vos meilleures solutions d’hygiène zéro déchet. Toutes les pistes étant intéressantes, n’hésitez pas à noter les vôtres en commentaire !

Je vais reprendre ici l’ordre des solutions présentées dans mon article sur le poids des convictions.

Le shampoing solide

Il existe plusieurs solutions autour du shampoing pouvant aller jusqu’à s’en passer complètement (voir l’idée du « no pooh »). Le point commun de ces pistes est la forte réduction voir l’absence de déchet d’emballage. Certains shampoing sont en effet disponible dans des points de ventes en vrac. J’ai pour ma part choisi d’utiliser pour l’instant du « Rhassoul » pour des raisons pratiques (il est sous forme de poudre) mais aussi par rapport au nombre limité d’ingrédient : 1 seul, de l’argile.

Son application est assez simple : une noisette d’argile au creux de la main, l’humidifier pour la rendre plus liquide et appliquer sur cheveux mouillés.

Point(s) fort(s) de ma solution : 1 seul ingrédient, pratique à emmener, léger

Point(s) faible(s) de ma solution : provient du Maroc, emballage cartonné

Applicable à la maison : oui

Le savon de Marseille

L’incontournable de l’hygiène zéro déchet, le savon de Marseille répond à plusieurs usages : on peut s’en servir pour se laver mais aussi pour faire la vaisselle (très efficace pour nettoyer des plats gras). Un morceau d’une centaine de grammes me suffit largement pour près d’un mois de voyage.

Attention tout de même, la qualité et la provenance du savon influera directement sur les déchets générés autour de lui. Un « vrai » savon de Marseille ne doit pas contenir plus de 3 ou 4 ingrédients : huile d’olive, eau, glycérine. Evitez ceux contenant de l’huile de palme ou de coco (sodium palmate ou sodium cocoate) car ces huiles proviennent en majorité d’Indonésie et contribuent fortement à la déforestation et la pollution terrestre et marine. Pour en savoir plus sur l’huile de coco, lire l’article d’Ecoexiste.

Pour le corps comme pour la vaisselle, j’utilise la même technique : j’applique le savon sur mes mains qui serviront ensuite à le diffuser sur les parties du corps ou la vaisselle à nettoyer.

Point(s) fort(s) de ma solution : peu d’ingrédients, fabriqué en France (Marseille) par une entreprise familiale, commandé en pain d’1kg.

Point(s) faible(s) de ma solution : provenance éloignée mais je n’ai pas trouvé de producteur local n’utilisant que l’huile d’olive (je suis en Bretagne).

Applicable à la maison : oui

Bicarbonate de soude

Ici nous avons affaire à un incontournable du mode de vie zéro déchet tout court. Le bicarbonate de soude peut servir à tout : nettoyage de la maison, fabrication de produits d’hygiène, cuisine (en poudre à lever) ou déodorant sont ses usages principaux.

Il est en effet une excellente alternative aux déodorants industriels pour plusieurs raisons. La première est qu’on peut le trouver en vrac ou avec très peu d’emballage. Ensuite, les déodorants en stick peuvent contenir de l’huile de palme. Enfin, nombreux sont ceux contenant encore de l’aluminium malgré les fortes suspicions autour du lien avec le cancer du sein notamment.

En voyage, je m’en sers de déodorant. S’agissant d’une poudre, il est possible de le stocker dans n’importe quel contenant. Il est également léger et les quantités nécessaires par jour sont infimes même si elles peuvent varier en fonction des personnes. Pour ma part, j’humidifie mes aisselles avant d’y appliquer le bout de deux doigts de bicarbonate. S’il est efficace, c’est grâce à son pouvoir antibactérien. Les bactéries étant responsables des odeurs, avec le bicarbonate, plus d’odeurs !

Une précision par rapport aux recettes de déodorants maison que vous pourrez trouver sur internet si le bicarbonate ne vous convient pas. Nombreuses sont celles utilisant de l’huile de coco. Cet ingrédient est à proscrire pour 2 raisons. D’abord parce qu’il vient de loin et encourage la déforestation (surtout en Indonésie) mais aussi car dans les conditions de voyage et spécialement en été, l’huile de coco se liquéfie lorsque la température dépasse les 25°, c’est n’est donc pas très pratique en voyage.

Une dernière chose importante et pour finir sur une note d’humour : depuis que je suis dans le zéro déchet, je me dis qu’un critère utile pour déterminer la dangerosité d’un produit d’hygiène ou de nettoyage est de savoir s’il est comestible ! Tenterez-vous de goûter aux déodorants industriels ? Alors pourquoi les appliquer sur votre corps ?

PS : pour des raisons purement pratiques liées à l’application du bicarbonate je vous conseille de vous raser les aisselles. En effet, l’application en sera plus facile.

Point(s) fort(s) de ma solution : pratique, léger, économique, trouvable en vrac, comestible (choisir le bicarbonate alimentaire).

Point(s) faible(s) de ma solution : procédé industriel de fabrication.

Applicable à la maison : oui

Le rasoir de sécurité

Pour les voyages plus long, nous pouvons ressentir le besoin de se raser. Quel que soit l’endroit du corps, le rasoir de sécurité est la solution idéale pour éviter les jetables. Un peu plus lourd qu’un rasoir jetable car en acier inoxydable, il est en revanche bien plus léger en déchet puisque seule la lame se change (et la mienne dure entre 1 et 2 mois). En plus d’être écologique il est économique puisque qu’un paquet de lame de rechange ne coûte qu’autour de 5€ pour 10 lames. Dans mon cas ce paquet durera en moyenne 1 an et demi. Comparez avec des rasoirs jetables, vous verrez vite les économies réalisables. En plus, vous pouvez en trouver en vrac dans certains points de vente.

Pas besoin de mousse à raser non plus puisque nous avons notre savon de Marseille pur huile d’olive. Je n’ai jamais aucune douleur après le rasage depuis que j’utilise ce savon au lieu des produits vendus comme spécifiques au rasage. Je vous laisse faire le test, dites-moi si c’est également plus confortable pour vous ?

Point(s) fort(s) de ma solution : économique, increvable, confortable

Point(s) faible(s) de ma solution : poids, devenir des lames après utilisation, emballage du paquet

Applicable à la maison : oui

La brosse à dents

Le sujet de la brosse à dents est intéressant dans le mode de vie zéro déchet car il n’y a, à ma connaissance, aucune solution parfaite dans ce domaine. Ce ne sont pourtant pas les idées qui manquent, je vais en faire un rapide état des lieux avec leurs avantages et inconvénients avant de parler de la solution que j’ai choisie.

  • La classique : tout en plastique et vendue comme « jetable ». Que des inconvénients ici : utilisation de plastique à la fabrication, emballage, traitement du déchet
  • La lointaine : en bambou, très souvent asiatique. L’avantage est que l’on peut en composter une grande partie : il faut retirer les poils qui restent en plastique. L’inconvénient majeur de cette solution est la provenance de la matière première.
  • L’échangeable : on ne va se séparer ici que d’une partie de la brosse à dent. Quel que soit le matériau utilisé pour le manche, il est fait pour durer. Pour certaine on change la moitié de la brosse (tête + partie en contact avec la bouche), pour d’autre seule la tête sera à changer. L’avantage ici est la longévité du manche mais on garde quand même une partie plus ou moins grande qui finira en déchet.

Vous le voyez, aucune solution véritablement zéro déchet ici. Pour ma part j’ai choisi la solution de la brosse dont la moitié est interchangeable. J’ai fait ce choix à une époque où je ne connaissais pas celle dont on ne change que la tête. Je réfléchi donc actuellement aux avantages / inconvénients à un changement.

En tous cas, je n’utilise plus de dentifrice depuis quelques années maintenant. Je me brosse les dents sans aucun produit. C’est une solution qui me convient (mon dentiste est toujours étonné du peu de plaque dentaire qu’il trouve) mais qui ne convient pas forcément à tout le monde. Je vous conseille donc d’en parler avec des spécialistes mais sachez qu’il existe de nombreuses recettes de dentifrices maison (petit rappel : pas d’huile de coco dans vos recettes !).

Point(s) fort(s) de ma solution : moins de déchet généré à cause de la brosse à dent

Point(s) faible(s) de ma solution : c’est encore trop de déchet et le matériau reste du plastique

Applicable à la maison : oui

Eponge en fibre naturelle

Alliée indispensable pour moi lorsque je fais la vaisselle, l’éponge peut avoir un fort impact négatif sur l’environnement si l’on ne fait pas attention à la matière dont elle est faite.

En effet, la plupart des éponges vendues actuellement sont faite de matières plastiques. Ce n’est déjà pas le meilleur choix à la fabrication mais sachez qu’à chaque utilisation, elles libèrent des particules de plastiques. Ces particules se retrouvent ensuite dans l’eau ou dans la nature si l’on prend le cas de nos bivouacs par exemple.

C’est pourquoi je vous encourage à vous tourner vers la solution des éponges appelées « tawashi ». Ce terme vient du japonais pour définir une éponge faite de tissu que l’on aura assemblé à l’aide d’une planche généralement à 6 pointes. C’est donc un objet que l’on peut faire soi-même et gratuitement en réutilisant par exemple de vieux textiles qui ne nous servent plus. Un seul point d’attention ici : n’utilisez jamais de matières synthétiques pour les fabriquer (il y a beaucoup de tutoriel avec des collants par exemple) sinon vous vous retrouvez avec le même type d’éponge que celle que l’on voulait éviter. Vous pouvez aussi soutenir des artisans locaux qui en fabriquent, c’est le choix que j’ai fait.

A noter que si le côté grattant vous manque, il existe plusieurs solutions dont celle que j’ai choisie : un tawashi fait avec de la ficelle. Voyez le résultat :

Enfin, puisque l’on parle de vaisselle, vous pouvez également vous libérer du produit vaisselle. En effet, le savon de Marseille dont j’ai parlé fait très bien l’affaire pour dégraisser. Ces produits sont souvent très polluant (emballages, ingrédients) et la liste des ingrédients me semble incompréhensible : agent détergent, vous savez ce que cela signifie ? Je suis parti du principe que si l’on ne comprend pas la liste des ingrédients, il ne faut pas acheter le produit.

Point(s) fort(s) de ma solution : pas de plastique rejeté à chaque vaisselle, procédé naturel qui permet de vider l’eau de vaisselle dans la nature

Point(s) faible(s) de ma solution : je n’en vois pas, en voyez-vous ?

Applicable à la maison : oui

Serviette de toilette en fibre naturelle

Le même constat que pour les éponges s’applique aux serviettes de toilette : celles fabriquées à partir de fibres synthétiques libèrent des particules de plastique à chaque lavage. Je conseille donc d’en avoir une de petite taille en coton par exemple pour le voyage. C’est un peu plus lourd et cela sèche un peu moins bien que les serviettes dites « techniques » mais elles ont un impact bien plus faible sur l’environnement.

Point(s) fort(s) de ma solution : pas de plastique libéré dans la nature à chaque lavage

Point(s) faible(s) de ma solution : un peu plus lourd que du synthétique, sèche aussi moins vite

Applicable à la maison : oui

Gant de toilette en fibre naturelle

Là encore, nous sommes sur une histoire de fibre, mais pas seulement. Il s’agit en effet d’un accessoire qui n’est pas indispensable au voyageur, c’est vraiment un choix personnel. J’en ai toujours 2 avec moi de couleur différente car je les réserve à deux usages bien différents.

Le premier usage est pour me laver. J’ai récemment changé ma façon de me laver en réduisant très fortement ma dépendance à la douche pour me tourner vers une toilette au gant. Une première application pour humidifier la zone à laver, on ajoute ensuite le savon et enfin le gant sert à « rincer » cette partie : le tour est joué. L’avantage est double, moins d’eau utilisée (important en bivouac) mais c’est aussi plus facile quand l’eau est froide !

Enfin, il me sert à remplacer le papier toilette. Un problème de moins lorsqu’en bivouac on ne sait que faire du papier usagé (le brûler ou l’enfuir peuvent être des solutions mais attention à la composition du papier). C’est un gros changement à mettre en place dans son quotidien c’est pourquoi je vous encourage à tester dans le confort de votre habitat avant de vous lancer sur les routes !

Point(s) fort(s) de ma solution : pas de plastique libéré dans la nature à chaque lavage

Point(s) faible(s) de ma solution : ne sèche pas très rapidement, une nouvelle habitude à prendre

Applicable à la maison : oui

Mis bout à bout, chacune de ces actions permet de diminuer très fortement notre génération de déchets et de pollution. Je vous encourage à en essayer quelques-unes et me faire part de vos réussites ou difficultés. Je recommande tout de même d’essayer dans le cadre de votre quotidien pour que le changement soit le plus doux possible avant de le réaliser en situation de voyage.

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